• Comment faire ? {Eliza*

(c) lithiumxroses

Voilà, une autre journée de passer à pas faire grand chose à Mystic Hallow. Pourtant, quand on y pensait, normalement Devon en aurait des choses à raconter. En tant que Ghost sa vie était supposée être assez ... passionnante. Entre missions, entraînements, le fait de ne pas être comme les autres, ça devait être captivant aux yeux de certaines personnes. Oui sauf que lorsque vous y étiez, dans ce monde depuis dix ans maintenant, ce n'était pas la même chanson. Devon n'avait presque rien connu d'autre, enfin si. Et c'était sans doute ça le pire. Quand vous aviez connu une enfance normale, être plongée dans un monde qui n'était pas supposée être le votre, loin de l'innocence, la pureté et toutes les choses qu'on attache au monde 'enfant'. Donc non, au bout d'un moment, ce n'était plus 'génial' d'être différent des autres.

Oh mais Devon ne se plaignait pas. Après tout, il avait été formé pour ça. Encore aujourd'hui, même s'il le voulait, il continuerait à penser, à bouger à réfléchir et à parler comme un Ghost. C'était dans sa nature et celle de toute sa famille. C'était dans les gênes, à croire qu'il était prédestiné à être un Ghost. Il ne cherchait pas à nier les évidences, mais il aurait seulement aimé ... que sa formation ne l'éloigne pas autant de ses parents et de son frère. C'était le grand regret de sa vie surtout, sauf qu'il n'avouerait jamais. Dire que ses parents et toute leur génération de la famille lui manquait était comme dire ... 'Oh naaan ! C'est pas grave si vous m'avez ignorez toute une partie de ma vie, si vous vous occupiez pas de moi, si vous me considériez comme le dernier des ratés par rapport à Zane ! Non je vous en veux pas !'. Jamais il ne pourrait dire ou faire une telle chose aujourd'hui. Mais vous me direz, il ne faut jamais dire jamais. Donc mieux fallait être prudent.

Au moment où je vous parle, le jeune homme atteignait les pelouses verdoyantes du lac de Mystic Hallow. A cette heure là, il n'y avait pas grand monde, quoiqu'il n'était pas très tard. Le soleil commençait à peine à se coucher et à disparaître derrière la cime des arbres qui entouraient le lac. Oui je sais, dit et décrit comme ça, ça fait très romantique, mais peu importante. Devon avait besoin de repos, enfin de calme plutôt. C'était un de ces moments où il avait besoin d'être seul et d'avoir la paix. Les petits moments où son côté solitaire ressortait. Le blond s'assit sur la pelouse, dos contre un arbre éloigné des autres personnes présentes autour du lac. L'étendu d'eau semblait paisible et les lumières du soleil projetaient des scintillements dorés et orangés à la surface. Bref, paysage très beau, très joli et tout le blabla. Devon n'allait pas s'extasier trois heures dessus, même s'il appréciait la vue tranquille qu'il avait. Il 'était plutôt occupée à allumer sa cigarette et une fois cela fait, en tira une longue bouffée. Ça c'était une plutôt bonne soirée.

« LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE »

Aujourd’hui serait encore une de ces journée banales à rajouté au compteur de ma longue et morfonde existence. Ce serait une de ces journées de cours, plus qu’ennuyante comme toutes celles qui avaient précédées. Des journées atroces pour un agneau comme moi. Emmitouflée sous ma couette, je ne voulais pas me lever. D’où j’étais, j’entendais la pluie tombé sur la vitre de ma chambre. Le soleil n’était pas là apparemment. Ce qui ne me donna aucunement l’envie de sortir. Je me roulai vers la gauche pour tenter d’apercevoir mon réveil. Mes yeux verts toujours endormis, essayait en vain de voir l’heure. Il affichait 13h. Parfait, le cours de madame Snoopy était terminé. Je n’irais pas en cours aujourd’hui. A vrai dire, c’était devenu habituel pour moi de rater le cours du mercredi avec madame Snoopy. J’avais même tendance à en abuser quelques fois. En début d'année, j'avais rapidement capter qu'elle ne prenait pas les absences. C’est pour cette raison que je me permettais ces temps de repos. De toute manière, on ne disait pas grand-chose. Et puis comment voulez-voir une absente dans un auditoire peuplés de 300 étudiants. D'ailleurs, je ne savais pas comment ils faisaient pour venir à ce cours. D’après moi, son cours ne me servaient strictement à rien. J’étais dans le mannequina. Il me suffisait de poser devant des photographes aux aguets et le boulot était fait. Je n’avais pas besoin de travailler les émotions que je devais faire passer. Mes quelques poses suffisaient. Je n’étais qu’en première année à près tout. J'avais encore le temps, je n'avais que dix-neuf ans.

Ainsi, je décidai à me lever vers 13h30. Fénéantise quand tu nous tient. Il fallait tout de même que je me lève. Trainant les talons, je filai vers la cuisine. J’avais l’estomac creux. J’optâs pour un plat de pattes XXL + soda + une barre de chocolat noir. En effet, ce n’était pas une blague. Une barre de chocolat entière. Je n’étais pas une de ces filles qui faisait attention à son poids au point de manger des petits poids pour le déjeuner ou carrément l’oublier. J’étais un estomac sur patte. Je mangeais comme pour deux et étrangement je ne prenais pas deux grammes. Une fois, le chocolat enfilé, j’avalai mon verre de coca. Celui-ci me réveillerait peut-être un peu plus. Quelques minutes après avoir regarder un TV SHOW, j’errai vers la salle de bain à coté de ma chambre. Je pris une douche froide, comme à mon habitude, et me lava les cheveux. En quelques minutes j’étais prête. Il ne me resta plus qu’à mettre mes converses. Une fois mise, je regarda l’horloge qui affichait 15h30. Il n'y avait pas grand monde à la maison. Les parents étaient en voyage d'affaires comme à leurs habitudes et norah devait gambader dehors. Je n'avais aucune envie de rester ici à me morfondre telle un ours en hibernation. Je pris la sage décision de sortir, guitare au dos.

Je n'avais aucune idée où aller. Je fis un rapide va et viens avec ma tête et je decidai de me diriger vers le lac. J'arrivais ainsi près du lac, le voyant dans toute sa splendeur. Je fis quelques pas en avant pour me rapprocher et c'est ainsi que je vis Devon au loin. Il était assis contre un arbre. Je n'allais quand même pas faire semblant de ne pas l'avoir vu. Je marcha donc vers lui, toujours ma guitare au dos. Arrivée face à lui, je lui pris de sa main droite, sa cigarette. J'en tira un bon coup et relacha la fumée à l'air libre. Je lui retendis. J'affichais un sourire en coin et décida enfin à parler. A pres tout, j'avais tout mon temps.


e l i z a ▬ « Je peux ? » fis-je en montrant du doigt la place à coté de lui.

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Décidément, les journées en ce moment étaient plus que barbantes. Devon n'avait rien à reprocher à un petit temps de repos de temps en temps, mais en tant que Ghost, ce n'était pas quelqu'un qui restait trop en place trop longtemps. Bien sûr, quand il fallait dormir ou bien paresser au lit, il était le premier à le faire, seulement, quand on parlait de missions, Devon était dans les premiers à s'empresser d'aller s'entraîner à la muscu' et compagnie. Bref à se bouger. Dans l'ensemble, c'était un garçon plutôt actif mais il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties, surtout avec une maladie respiratoire sur le dos. En même temps, vous me direz que s'il est capable de fumer, il serait bien capable de ne pas se plaindre pour faire du sport à plein temps. Pas faut, mais allez expliquer ça à une tête de mule pareille, ce n'était pas maintenant qu'il allait changer d'avis sur la chose. Ce qu'il faudrait pour que Devon comprenne enfin qu'avec ce qu'il traînait depuis sa naissance ? Une bonne crise, ou qu'il se retrouve à l'hosto dans un état critique. En gros, qu'il passe à côté de la mort, car c'est bien à ce moment que les gens réagissent non ? Quand il est trop tard, tout le monde se bouge, mais autrement, personne ne fait rien. Pourquoi Devon échapperait-il à cette règle aussi illogique qu'était le monde lui même ?

Bon, ce n'était pas le moment de jouer les philosophes, même si le cadre s'y prêtait. Cigarette au bec, le lac, la lumière du soleil et surtout, la solitude, tout y prêtait. Seulement, Devon ne préférait penser à rien du tout, profitant du presque silence pour se décontracter un peu en cette belle fin de journée. Encore un moment de paix, la seule chose qui pouvait réussir à le faire aller un peu mieux quand il en avait marre de la vie au manoir, des entraînements ou alors, de la vie à l'université où régnait encore et toujours cet univers de mensonges et de tensions. S'il le pouvait, Devon ne décollerait pas du manoir, mais il devait bien avouer que la vie 'simple' lui manquerait, ainsi que ses cours en Art et les liens qu'il avait tissé avec certains Simplies. Ça ne serait plus pareil s'il ne devait être Ghost. Autant le dire, il détesterait n'être que ça aux yeux des autres.

Devon regardait la surface lisse et brillante du lac quand il entendit quelqu'un s'approcher de lui. Il ne se retourna pas pour autant, reconnaissant à la façon de marcher de la personne en question qu'elle n'était pas menaçante. Quoique ... Une voix douce se fit entendre. D'un air détaché et en tirant une bouffée de sa cigarette, Devon posa ses yeux clairs sur ceux tout aussi bleus d'Eliza Montgomery. Elle demanda à s'asseoir, il ne pouvait décidément pas lui refuser ça. Le blond lui sourit avant de lui répondre.

DEVON ▬ Bien sûr. Je commençais à me dire qu'un peu compagnie ne me ferait pas de mal ...

Grand sourire. Bon évidemment, la dernière phrase n'était pas totalement voir pas vraiment vraie. Il aurait pu simplement lui dire qu'elle ne le dérangeait pas du tout, ce qui était vraiment le cas, mais non. Il avait sorti une autre phrase qui ne changeait pas grand chose à vrai dire, alors Devon n'y attacha aucune importance. Eliza et lui se connaissaient depuis quelques temps déjà et, puisqu'elle était une Simply, leur relation n'avait pas eu à souffrir de l'affichage des listes. Heureusement. Heureusement qu'il y avait des exceptions. Mais, cela ne voulait pas dire que leur relation était de tout repos non plus.

DEVON ▬ Alors, comment vas-tu ?

« LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE »

J’avais longtemps été septique à l’idée d’emménager à Mystic Hallow. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurais vous répondre. C’était une ville qui ne m’inspirait pas confiance, voilà tout. Rien que d’y pensée, cela me donnait la nausée. Je me rappelle encore du jour où ma mère m’avait annoncé la terrible nouvelle. Comme à son habitude, elle avait pris ses aires de première dame. Elle aimait cette sensation d'être supérieur par rapport à sa propre fille. Digne d’une mère ? Face à cette nouvelle, j’avais cru trouver une solution. Afin qu’elle éprouve de la honte à cause de sa fille, je fuguai. A peine 4 jours, rassurez-vous. Je n’avais pas le culot de rester des mois dans la rue. Et puis, elle n’était pas préparée. L’idée de cette fugue était venue sur le coup, je n’y avais même pas réfléchis. Une connerie de plus à rajouter au conteur de mon existence. Mais au final, cela ne servit strictement à rien. Justement, ma mère se renforça dans l’idée de quitter Seattle serait pour mon bien. A longueur de journée, je méditais sur le sujet. Quitter Seattle était la pire chose qui puisse m’arriver. Il n’y avait pas que la ville d’ailleurs, il y avait aussi les amis, les amours, le train-train quotidien. J’abandonnais la ville de mes premiers pas pour de l’inconnu. Ma mère m’avait marmonnée que cela resserrait les liens. Mon œil, oui ! Elle ne serait jamais là de toute manière, passant le plus clair du temps au boulot. Après 4 mois passés à Mystic Hallow, malgré tout ce que je présageais face à cette ville, rien de tout cela n’arriva. Ce ne fut pas l’enfer que j’avais prévu. Bien au contraire, elle prit une place prépondérante dans ma vie.

Toujours face à lui, je souriais. Il ne me fit pas languir trop longtemps. Gentleman qu’il était, il me fit signe de m’assoir. D’un geste, je m’allongeai à coté de lui. Nous étions côte à côte, nos bras se touchaient. D’un autre œil, je le fixais. Il avait cet air détaché qui n’appartenait qu’à lui. C'était ça qui m'attirait chez lui. C’est alors que commença notre brin de causette, il me demanda de mes nouvelles. Ca y est, la question fatidique. La question que je déteste ; parler de moi. Sans plus attendre, je répondis ;

e l i z a ▬ « Figures-toi que pour une fois, je ne vais pas me plaindre. Toutes personnes rêvent de ne pas avoir leurs parents sur le dos, pas vrai ?... Mais bon j’admets qu’après un mois et demi sans nouvelles, seule dans une maison vide, ça devient beaucoup. »

Fis-je en lâchant un demi-sourire. A la fin de ma phrase, je plongeai mes yeux bleus dans les siens. C’est a cet instant que je compris que la phrase que je venais à l’instant de prononcé était de trop. Je vis de la compassion dans ses yeux, une sorte d’inquiétude. C’est ainsi que je me précipitai de rajouter ;

e l i z a ▬ « Mais ce n’est pas pour autant que je ne me porte pas bien, tu sais. » murmurais-je.

Voilà, je m’étais rattrapée. Je n’avais aucune envie qu’il me prenne pour une fille pleurnichant sur son triste sort. Ce n’était pas moi. J’avais pleinement conscience de la chance que j’avais d’être riche, beaucoup de gens rêverait d’être dans mon cas.

e l i z a ▬ « Assez parler de moi. A toi maintenant plutôt, comment va la vie de monsieur Carter ? » fis-je tout en regardant le lac.

En effet, il y avait de l’action par là-bas. L’homme qui détenait un petit business qui n’appartenait qu’à lui seule, ferma sa petite cabane. Il s’agissait de petit bateau qu'il louait contre quelques euros. Rien de bien passionnant. Mais sans surveillant, cela devenait de suite plus attrayant. Ce qui me donna une vague idée pour la suite. J'aimais transgresser les règles.

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Cigarette au bec, cela voulait dire en quelque sorte qu'on ne devait pas venir le déranger. Bien tendu, il y avait toujours des exceptions comme ce qu'il se passait en ce moment même. Devon regardait d'un air détaché et je m'enfoutiste, cet air qui le qualifiait tant, les alentours de la place où il s'était posé. Il n'y avait pas beaucoup de monde aujourd'hui, enfin moins qu'il ne pourrait y en avoir. Après tout c'était la logique des espaces en plein air : le week-end quand il faisait beau, on ne pouvait pas faire un pas sans se heurter à un corps qui bronzait au soleil. Alors qu'un lundi matin quand il pleuvait ... c'était plutôt rare de voir du monde. A part les gens comme Devon qui venait ici ... bah pour la même raison évoquée plus, être un peu seul, faire une pause et accessoirement réfléchir. Dingue ? Peut-être oui mais ça dépendait des points de vu car ça marchait ! Bon après vous risquiez d'attraper une bonne pneumonie mais cela faisait une très bonne excuse pour ne pas aller en cours, croyez en un professionnel.

Bref, mais malgré son envie d'être tranquille, discuter avec Eliza et lui tenir compagnie ne le dérangeait pas plus que ça. Il fallait dire que la jolie blonde et lui s'entendaient très bien, même que ... enfin c'était assez compliqué à expliquer. Disons qu'ils partageaient les mêmes amis, des Simplies et que c'était un des amis en questions qui ... posait problème, va-t-on dire. Devon avait été le premier surpris des relations qu'il avait pu nouer avec certains Simplies. Il n'était pas de ceux qui pensaient qu'il ne devait pas leur parler. Enfin le blond connaissait des personnes chez les Ghosts ou chez les Spies qui restaient à l'écart des gens normaux. Devon lui même ne savait et ne comprenait pas pourquoi. Lui s'était le contraire, il avait besoin d'être avec des gens normaux pour avoir l'impression qu'un temps soit peut que sa vie l'était aussi. Dev' avait besoin d'avoir cette sensation de ne pas être totalement dans cette vie de dingue qu'était la sienne. Voilà pourquoi, il était toujours content de voir Eliza, même si la chose était bien plus compliquée qu'elle ne pouvait paraître aux premiers abords entre eux. La petite blonde s'assit à ses côtés et quand leurs bras se touchèrent, Devon eut besoin d'une longue inspiration de sa cigarette. Elle commença à répondre à sa question et apparemment, avait quelque chose sur le cœur.

DEVON ▬ Ça dépend les parents, mais je comprends que t'aies du mal.

Il hocha la tête, tout le monde n'avait pas sa malchance d'avoir une famille comme la sienne. Devon avait du mal à comprendre le genre de sentiment qu'elle pouvait avoir envers ses parents comme lui n'avait jamais éprouvé une telle chose. Plus ses parents étaient loin, mieux s'était. Alors il ne pouvait parler qu'en général sur ce genre de sujet, lui qui ne s'était jamais entendu avec ses parents, mais le fait qu'elle se sente seule, ça il pouvait comprendre. La solitude était quelque chose de spéciale, Devon l'acceptait mais quelqu'un comme Eliza ... il ne l'imaginait pas seule. Elle était tellement ... tellement tout. Enfin bref, quand elle reprit, elle lui donna l'impression d'avoir un peu lu ses pensées. Il lui sourit avant de reposer son regard sur l'étendue d'eau. Elle détourna la sujet en faisant la chose classique, lui renvoyer la question. Il n'avait pas cessé de regarder devant lui car Devon avait repéré lui aussi l'homme qui fermait sa boutique.

DEVON ▬ Rien de neuf si c'est ce que tu veux savoir. Les cours, les sorties, les cigarettes ... il y a pas grand chose de passionnant en ce moment.

Si seulement elle savait, pensa-t-il, que ce qu'il qualifiait de pas très passionnant aurait pu faire frémir n'importe qui. Devant la nonchalance et la platitude de sa réponse, il fit la même chose qu'elle tout à l'heure. Devon tourna ses yeux malicieux vers Eliza, sourire en coin.

DEVON ▬ Mais ce n’est pas pour autant que je ne me porte pas bien, tu sais.