Demetria C. Colson | FINI

Née au Texas, descendante d’une longue lignée d’espions, Demetria était vouée à devenir elle aussi spie. Et pas des moindres. Dès sa plus tendre enfance, elle a été habituée à observer, même les détails les plus anodins, les plus insignifiants, sans jamais se faire remarquer, à s’infiltrer dans les endroits les plus gardés, à écouter les discussions les plus chuchotées. Petite, elle prenait ça pour un jeu, et elle aimait ça. Vraiment, elle adorait, car elle était douée, très perspicace. Mais en grandissant, les entraînements devinrent plus intensifs et sérieux. Elle comprit vite qu’il ne s’agissait absolument pas d’un jeu. Et cela lui déplaisait. A force de forcer son oreille, de surveiller chaque mouvement, c’était plus fort qu’elle, même quand elle ne le voulait pas, tout son corps contrôlait ce qui se passait autour d’elle et enregistrait chaque information. Personne ne pouvait avoir de secrets pour elle. Elle finissait toujours par tout découvrir. Or parfois, même très souvent, il vaudrait mieux de pas savoir, de pas connaître la nature perverse des hommes, la cruauté déguisée des femmes, décrypter les intentions malsaines ou cruelles.

Elle n’avait pas beaucoup d’amis, car elle en savait trop sur tout le monde, et les gens avaient peur d’elle, peur qu’elle perce leurs secrets, qu’elle découvre ce qu’ils avaient en tête. Elle grandit donc dans la solitude, se réfugiant malgré elle dans l’enseignement de ses parents, celui qui, pendant quelques instants, lui faisait se sentir quelqu’un de spécial, quelqu’un avec un dessein important. Si elle se le représentait comme un jeu, un défi, c’était tout de suite plus supportable, car elle pouvait se mentir à elle-même, se dire que ce qu’elle découvrait n’était que monté de toutes pièces par sa famille pour la mettre à l’épreuve.

L’entraînement physique qui accompagnait ces prédispositions physiologiques était de taille lui aussi. Tous les jours, c’était deux heures intensives de sport, musculation, parcours du combattant, on se serait cru à l’armée. Mais, le plus surprenant, c’est ce que lui exigeaient ses parents pendant ces exercices : rester digne, avoir de l’allure et du style. Souvent, elle devait faire les échauffements en talons aiguilles, ou devait courir en jupe. Avec tout ça, pas étonnant qu’elle devint, dès son plus jeune âge, l’une des meilleures malgré elle, malgré le fait que son véritable rêve était d’être modiste.

Les années passaient, et il ne lui restait pas vraiment d’autre choix que d’accepter sa destinée, d’autant plus que sa mère mourut dans un tragique accident alors qu’elle n’avait que 12 ans, et qu’il lui revint alors officiellement le rôle d’honorer sa mère et de perpétuer sa mémoire, de terminer son travail et de la rendre fière, même si, au fond, ce n’est pas ce mode de vie qui la rend heureuse. Mais le bonheur est un idéal auquel elle a renoncé il y a très longtemps de cela.

Demetria est une jeune fille qui, malgré son sourire perpétuel, n’est pas heureuse. Elle a dû sacrifier ses rêves pour gagner le respect de sa famille, et renoncer à avoir une vie normal sans que personne ne lui demande son avis. Alors, même si elle semble aller bien, de l’intérieur, c’est une poupée cassée.

Elégante, toujours sur son 31, sûre d’elle sur ses hauts talons, elle est belle, elle est fière, elle parait si forte, si brillante. Talentueuse, elle l’est, mais aussi très vulnérable. Si elle fait partie des meilleures espionnes de l’histoire, elle n’en est pas moins une fille fragile qui agit pour le devoir, non pas pour elle. Dans son fort intérieur, elle espère encore rencontrer un homme, qui l’aimera, qui prendra soin d’elle, fonder une famille, avoir un foyer, un métier, un vrai, pas une activité secrète qu’elle doit occulter y compris à ses proches.

Mais parlons plutôt de son caractère. Avec ses amis, c’est une fille douce et généreuse, toujours à l’écoute. Mais avec ses ennemis, elle joue sur l’humour noir et l’ironie, peut se montrer orgueilleuse et vaniteuse, peste sur les bords, aguicheuse quand ça l’arrange. Mis à part ça, c’est quelqu’un de très observateur, qui finit tout ce qu’elle entreprend sans jamais baisser les bras. Sportive et en bonne santé, elle résiste à toutes les épreuves de la vie, du moins en apparences.

En résumé, il existe à vrai dire plusieurs Demetria, trois pour être exacte : la véritable, enfouie à l’intérieur d’elle-même, que personne ne connaît réellement ; la douce Demetria, l’amie, la confidente, l’équipière fidèle ; et puis la Demetria provocatrice et rusée, l’adversaire redoutable.